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Amis imaginaires

Amis imaginaires

Vers l’âge de deux ans et demi, trois ans, les enfants commencent à développer leur créativité, alimentée par les histoires et les contes de fées que vous leur racontez, les dessins animés qu’ils regardent à la télévision. Il arrive alors que certains s’inventent un ami, un compagnon et un confident qui les accompagnera jusqu'à environ cinq ans, en les rassurant, en les écoutant et sans jamais les juger, les contredire ni les gronder puisqu’il est le seul fait de leur propre imagination, parfaitement irréel, symbolisé par un de leurs jouets préférés ou existant seulement dans un recoin de leur tête.

Ce phénomène participe à leur construction, en leur permettant d’appréhender une réalité qui n’est pas toujours de leur goût, alors que quelques mois auparavant ils étaient les rois du monde, totalement pris en charge et cocoonés. Désormais ils doivent affronter l’autorité, les contraintes, et également leur propre révolution intérieure qui se met en marche pour façonner leur personnalité à venir.

Le nounours, la poupée, le morceau de tissu, le doudou, auquel le tout petit s’adresse, fait des câlins et confie ses secrets, ses bêtises, ses déceptions lui sert aussi de défouloir et contribue à son équilibre face à l’impact de certaines situations ou épisodes de sa vie, des images qui l’ont marqué. L’ébullition du langage entre aussi en ligne de compte dans cette manifestation de l’imaginaire de l’enfant. Il déverse une foule incroyable de mots, parfois un peu bizarroïdes dans l’oreille de son nouvel ami qui l’écoute toujours d’une oreille attentive !

Sous forme de jeu, l’enfant développe avec cet ami imaginaire une relation de proximité très saine et réconfortante, lui faisant participer à ses petits et grands bonheurs, des explorations, ses découvertes, le mettant en scène dans des histoires rocambolesques, où tous deux se transforment en héros ou martyr, d’une manière légère et souvent drôle. Cet ami imaginaire lui apporte un souffle de liberté, une autonomie, une indépendance envers vous, et lui permet aussi de ne mentir sur rien, ni à vous, ni à lui-même, puisqu’il parle à son compagnon, n’emmagasinant aucun stress ni angoisse, ce qui est plutôt bien pour son évolution psychologique.

Ne contrez pas les fantasmes de votre enfant, ne démolissez pas ses rêves et son esprit en pleine effervescence, au contraire intéressez-vous à lui, lorsqu’il vous explique que le dragon est venu chercher doudou dans son lit, que la méchante sorcière à tué Corolle la douce princesse, que le chat du voisin est parti en voiture avec Buzz l’Éclair, que la chambre est pleine de loups, qu’il a passé la nuit sur la planète de Peter Pan... Tout est possible dans l’imaginaire de votre enfant, accompagnez-le dans ce monde merveilleux qui est le sien, et forgez-lui des bases solides, qui passent forcément par le magique et l’extraordinaire. Ces personnages lui servent tout à la fois de modèle, de souffre-douleur, d’oreille attentive, de camarade, dans une intimité quotidienne où tous deux sont capables d’affronter le pire grâce à la force phénoménale qui les unit et aux super pouvoirs dont l’imaginaire de l’enfant les a pourvus.

Si votre enfant vous semble un peu trop enclin à se réfugier dans ce petit monde ne vous inquiétez pas, ce trait de caractère diminuera avec sa sociabilisation par le biais de la maternelle et de l’école où il pourra commencer à refaire le monde avec ses petits amis de la maternelle !

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